L’Hôtel Dieu

Les Hôtels-Dieu étaient des hôpitaux dont les fondations anciennes étaient étroitement liées à la religion. Ils avaient pour but d’apporter la charité aux plus démunis. La proximité avec un cours d’eau permettait bien souvent le bon fonctionnement de l'établissement : lavage, déversoir, blanchissage..

Notre Hôtel-Dieu dont les façades, galeries et toitures sont inscrites aux titre des Monuments Historiques depuis le 13 mai 1975, retrace l'histoire de ces édifices de l'Ancien Régime.

Historique

Au XIIème siècle, un premier Hôtel-Dieu est attesté sur la ville. Il était à côté de la Chapelle de Saint-Antoine, sur l’actuelle place Dorian. Alors qu’en 1656, un Édit de Louis XIV ordonne que les mendiants soient enfermés dans les hôpitaux, l’Hôtel-Dieu déménage en 1659 dans les anciens bâtiments des fours banaux, cédés par Just-Henri Mitte de Chevrières. L’édifice peu adapté se détériore rapidement.

L’Hôtel-Dieu s’installe alors en 1672 sur son emplacement actuel dans une maison et un jardin achetés à Sieur Jean Montgirod. Une chapelle est construite en 1674, et on procède à d’autres agrandissements les années suivantes. En 1713, le bâtiment est officialisé par lettres patentes du Roi.

En 1728, les infirmières civiles sont remplacées par les soeurs Saint-Joseph, et en 1810 par les soeurs Augustines. En 1764 l’établissement de la Charité (fondée par M. Flachat), permet le développement des bâtiments. En 1789 de nouveaux locaux sont édifiés pour accueillir les malades de plus en plus nombreux : on en compte jusqu’à 600 en 1790.

En 1863, l’Hôtel-Dieu accueille de nouveaux patients : les femmes en couches. Le bâtiment tend de plus en plus à s’apparenter à nos hôpitaux actuels. Il occupe d’ailleurs cette fonction jusqu’en 1940, date de création du nouvel hôpital de Saint-Chamond. L’ancien Hôtel-Dieu ne conserve  alors que la salle des vieillards, datant de 1807 (jusqu’à l’ouverture d’une maison de retraite en 1971).

Le bâtiment est par la suite réaffecté et restauré. Il accueille la Bourse du Travail, la Greffe d’Instance, le conseil des prud’hommes, une salle de spectacles, des associations… En 2010, la Direction de l’Animation et de la Culture et en 2012 la Direction de l’Animation Sportive et Associative s’installent dans les bâtiments.

Architecture

L’Hôtel-Dieu tel que nous le connaissons actuellement se construit en plusieurs étapes. Lors de son acquisition en 1672, il n’est composé que du bâtiment central et de son aile Est. En 1674, une chapelle est édifiée en face de cette dernière. Cette chapelle originelle fut reconstruite en 1947. L’aile Est quant à elle est reconstruite avec sa cave aussi longue et large que le bâtiment.

En 1789, pour faire face au nombre croissant de malades, les bâtiments de la deuxième cour sont édifiés. L’architecte en charge, Pierre-Antoine Dalgabio, fait construire le bâtiment en conservant la cohérence architecturale et en adjoignant une deuxième cour et un rez-de-chaussée et les étages communiquent avec un large escalier recouvert par une coupole édifiée.

A cette époque, de hauts murs et des portes s’élèvent pour séparer la rue et l’Hôtel-Dieu, distinguant le monde religieux du monde profane, cachant aux yeux de tous les pauvres. Dalgabio reconstruit également l’aile centrale, menaçant ruines. Il y adjoint une chapelle reprenant le modèle des hôpitaux de l’époque, à savoir une chapelle située entre deux salles des malades afin que ceux-ci puissent entendre la messe depuis leur lit.

Les sobres façades reflètent une certaine austérité religieuse. Les fenêtres, nombreuses et hautes, laissent passer la lumière pour faciliter le soin des malades. Les origines religieuses du bâtiment sont renforcées par la présence d’un cloître voûté de croix d’ogives et percé d’arcs en plein cintre.

Brève histoire de médecine

L’hôpital apparaît avec l’avènement du christianisme à travers le concept de la charité évangélique, qui incite aux bonnes actions en faveur des plus démunis. Les religieux sont donc prépondérants dans l’origine des premiers hôpitaux. Ils gèrent ces lieux à l’instar de l’Ordre hospitalier de Saint-Antoine qui s’établit au pont Saint-Antoine (place Dorian) à Saint-Chamond.

Au Moyen-Âge, ces lieux désormais appelés Hôtels-Dieu ou maisons-Dieu, sont des espaces de soulagement. La médecine de l’époque ne soigne en effet que peu les corps et s’attache à soigner les “âmes” des malheureux. Au XVIIème siècle, avec l’arrivée des grandes épidémies, (notamment la Peste qui touche Saint-Chamond en 1628), la perception des pauvres change. Ils ne sont plus la représentation du Christ mais synonymes de désordres sociétaux. Les Hôtels-Dieu deviennent des lieux de mise à l’écart de la population et d’enfermement des pauvres.

Cette situation est renforcée avec un l’édit de Louis XIV visant à lutter contre la pauvreté et la mendicité. Les hôpitaux doivent dès lors fournir des soins aux nécessiteux et faire travailler les valides. Il s’agit de formes de secours publics, en plus des soins et du travail, la Charité s’occupe de la subsistance des orphelins, enfants abandonnés, de leur éducation religieuse et de leur apprentissage.

Vers la fin du XVIIIème siècle, l’hôpital change. Il n’est plus seulement un lieu d’accueil, il devient un lieu de sciences où vont apparaître et se transmettre le savoir médical. Ces bouleversements entraînent l’évolution des hôpitaux aux XIXème et XXème siècles. Savoir et progrès vont rendre caducs ces anciens bâtiments et permettre l’émergence des hôpitaux modernes qui se veulent scientifiques et hygiéniques.

La pharmacie de l'Hôtel Dieu

La pharmacie installée en 1742 était située au rez-de-chaussée du bâtiment central. Nous savons qu’elle était tenue par une religieuse, soeur Cabane, puis plus tard en 1745, par soeur Bouqueton.

On distingue dans cette pharmacie quatre types d’ingrédients : d’origines humaine et animale (excréments, urine, bile, cendres, graisses…), et ceux d’origines végétale et minérale. Ces ingrédients sont ensuite intégrés dans de savants mélanges dont les recettes ne sont connues que des apothicaires. Aujourd’hui, un ensemble de pots à pharmacie et quelques meubles provenant de l’Hôtel-Dieu de Saint-Chamond sont classés aux Monuments Historiques.