L’Hôtel Dugas de la Boissonny

L’Hôtel Dugas de la Boissonny, inscrit aux Monuments Historiques depuis le 31 octobre 2016, révèle derrière son architecture néo-classique, l'épopée industrielle de la famille Dugas.

Historique

L’existence de cet hôtel remonte probablement au XVIème siècle. En 1704 Pierre Rachavol achète la maison à Jean-Marie Cellard et entreprend des rénovations qui nous apportent plus d’informations sur les caractéristiques de la demeure. Nous savons ainsi que l’ensemble des bâtiments consistaient en une maison de maître avec cour, jardin, et des dépendances qui avec leur boutique et leur moulins à tordre et filer la soie, révèlent l’activité industrielle qu’abritait la maison : le moulinage de la soie.

En 1741, l’hôtel est donné à l’Hôtel-Dieu de Saint-Chamond. Puis en 1780, Jean-Baptiste Dugas l’achète au nom de son frère, Claude-Marie Dugas de la Boissonny. Ce dernier va effectuer des réparations considérables, en raison de la vétusté des bâtiments, qui vont aboutir à l’aspect actuel de l’hôtel et à son style néo-classique.

En 1800, Claude-Marie Dugas de la Boissonny vend l’hôtel à Jean-Claude Thiollière, négociant-rubanier de Saint-Chamond. Dans les années 1930-1940, la maison et l’ensemble des bâtiments sont subdivisés pour être affectés à diverses fonctions : accueil de l’entreprise “Bretelles Saint-Chamonaises”, de la perception, d’un cordonnier, d’un plombier, d’une forge et d’un stockage de matériel agricole. En 1944, les bâtiments vont accueillir la Société Civile Immobilière Dugas Villard, formée par trois des enfants d’Elisabeth Neyrand, la propriétaire des lieux durant la Seconde Guerre Mondiale.

En 1972, suite à la liquidation de cette Société Civile Immobilière, l’hôtel est acquis par Jean-Marie Bernard de Boissieu. Puis en 1993, il est acquis par Monsieur et Madame Frédéric Farizon qui vont s’attacher à restaurer les bâtiments en leur redonnant leur fonction d’hôtel particulier et en les redécorant dans les goûts néo-classiques de la fin du XVIIIème siècle.

Architecture

L’ensemble est composé de l’hôtel, de ses dépendances, d’un jardin, d’une orangerie, d’une cour et d’un mur d’enceinte. Dans le pur style néo-classique, l’architecture de l’hôtel est sobre et marquée par l’absence de décor. On retrouve sur les façades la symétrie des volumes, et des éléments d’inspiration antique tels qu’un fronton triangulaire et des garde-corps en ferronnerie.

Initialement en losange, le bâtiment présente pourtant en élévation un aspect rectangulaire et symétrique. On doit cet aspect aux rénovations de Claude-Marie Dugas de la Boissonny qui, soucieux de donner à son hôtel une symétrie parfaite, a joué d’astuce pour changer le plan de la bâtisse (rajout de faux cloisons et de fausses fenêtres).

L’hôtel comporte deux niveaux sur rez-de-chaussée surélevé et une conciergerie accolée. Au rez-de-chaussée un grand escalier orné d’une rampe en fer forgé à décor néo-classique, dont l’extrémité est décorée d’une pomme de pin surmontée des lettres “CMD”, rappelle les goûts et les initiales de Claude-Marie Dugas.

On retrouve dans l’hôtel de vastes pièces restaurées comportant des éléments d’origine comme la pompe à balancier et la cheminée monumentale de la cuisine. Grâce au travail de restauration de son propriétaire actuel, la répartition des pièces d’origine a également été conservée.

Claude-Marie Dugas de la Boissonny (1744-1799)

Né en 1744, Claude-Marie Dugas est le fils de Joseph Dugas, négociant, et le frère de Jean-Baptiste Dugas de Chassagny et Jacques Dugas. La famille Dugas est ainsi omniprésente à Saint-Chamond et connue sous le nom de la Grande famille. Claude-Marie Dugas de la Boissonny est, comme son frère, anobli par lettres patentes du Roi Louis XVI en récompense de ses services pour le royaume.

Outre ses activités industrielles, il est ainsi écuyer, conseiller et secrétaire du roi, de la maison, de la couronne de France et de ses finances. Parmi tous les propriétaires de l’hôtel, il est celui qui lui donna sa forme et son architecture actuelle.