Les manufactures Oriol et Alamagny

Datant de l'Ancien Régime, cette place fait cohabiter l'histoire religieuse et industrielle de la ville. Celle qui fut à l'origine un vaste pré va devenir au gré des constructions, une des plus importantes places de Saint-Chamond, dominée par l'église Notre-Dame et les établissements Oriol et Alamagny.

Historique des établissements Oriol et Alamagny

Emile Alamagny (1822-1876) s’installe à Saint-Chamond en 1827 avec ses parents, tout deux initialement fabricants de boulons. En 1837, il rejoint son père dans l’industrie des lacets. En 1854 il s’associe à Benoît Oriol (1810-1865), mécanicien-constructeur de métiers et fabricant de lacets. Ensemble ils créent la Maison Benoît Oriol et Alamagny.

En 1864, Emile Alamagny épouse la fille de Benoît Oriol ; les deux familles sont désormais liées par le mariage. À la mort de son beau-père un an plus tard, Emile Alamagny  poursuit seul les affaires. Il mène alors l’entreprise à son sommet, recevant de nombreuses distinctions, telles que la médaille d’Or de l’Exposition Universelle de 1867 et la médaille d’honneur de la société de protection des apprentis et des enfants employés dans la manufacture en 1870.

En 1876, à sa mort, sa femme s’associe avec son frère, Benoît Oriol fils (1840-1926), ancien maire de Saint-Chamond. La maison qui se nomme désormais Alamagny et Oriol, poursuit son succès. En 1878 elle reçoit la croix de la Légion d’honneur en récompense de son développement. L’entreprise possède alors trois grandes usines : rue Vignette (Jules Duclos), place de la Liberté, et à proximité du chemin de fer à la grange Pourrat. Elles emploient alors jusqu’à 1 500 personnes ; dont une majorité de femmes, des hommes, et quelques enfants.

En 1898, pour faire face à la concurrence allemande, la maison Alamagny-Oriol s’associe avec neuf autres maisons pour former les Manufactures Réunies de Tresses et Lacets. Ensemble elles comptent 20.000 métiers à tisser.

Sur la place de la Liberté, les usines Alamagny-Oriol se situaient à droite de l’église Notre-Dame. Alors que les ateliers industriels ont été rasés en 1970 pour laisser placer à des habitations plus modernes, ne subsiste sur la place que la maison Oriol, de style haussmannien bordant l’église. Ce lieu d’habitation des dirigeants de l’entreprise fut également la maison où Benoît Oriol père et Emile Alamagny sont décédés.

L'Eglise Notre-Dame

La première église Notre-Dame est édifiée en 1450 à cheval sur le Gier sur la place Saint-Antoine (place Dorian). A cette époque, elle prend comme vocable Notre-Dame de Pontcharra, un nom directement lié à sa situation sur le Gier (Pontcharra = « pont à char »). Elle servait de chapelle pour l’hôpital Saint-Antoine, situé sur la place tout proche.

En 1562, l’église est saccagée par le baron des Adrets qui brûlera les archives. A cette occasion la charte de franchises de 1224 sera intégralement détruite.

En 1617, l’église devenue trop petite, est abandonnée aux Antonins, ces derniers cèdent alors un pré à quelques mètres de là, l’actuelle place de la Liberté. Dessus, Melchior Mitte de Chevrière va faire bâtir la nouvelle église Notre-Dame. A sa charge, il fait construire la nef, et laisse le soin aux corporations d’édifier sur leurs fonds les différentes chapelles. Quant à l’église de Pontcharra elle est emportée par les inondations en 1634.

La nouvelle église présente le même style architectural que l’église Saint-Pierre. On y retrouvait notamment un plafond à caissons. En 1820, sa façade vétuste, est démolie pour être rebâtie dans un style discordant avec le reste du bâtiment.

En 1875, l’église du XVIIème siècle est finalement démolie. En effet, elle menaçait ruine depuis que la foudre avait détruit un des clochers et endommagé la toiture et le plafond. Après plusieurs années de travaux, la nouvelle église Notre-Dame est inaugurée le 9 novembre 1881. Construite par Louis-Etienne Journoude, elle arbore un style néo-gothique et néo-byzantin. En 1889, les escaliers d’accès en bois sont remplacés par un grand perron offert par Mme Alamagny, puis en 1890, on y adjoint les deux lions monumentaux de l’entrée, sculptés par Louis Martin.

Présentant des problèmes structurels depuis quelques décennies, l’église, malheureusement fermée au public, est amputée d’une flèche. Elle fera l’objet de nouveaux travaux importants en 2019.